Entre spectacle et performance, le comédien Philippe Léonard trace une peinture inspirée de celles retrouvées à Lascaux, de Chagall ou de son imagination, tout en se livrant sur son histoire et l’utilité de l’art. Hypnotique et de toute beauté.
Quand j’avais 8 ans, j’adorais dessiner. Surtout quand je m’ennuyais. Je dessinais tout le temps.
Un dimanche, au cours d’une réunion de famille, une de mes tantes s’était penchée au-dessus de mon épaule pendant que je dessinais. C’était une femme que j’aimais bien, parce que dans tous les adultes de la famille, c’était quelqu’un qui s’intéressait vraiment aux enfants.
-Dis donc, tu as un joli coup de crayon !
Je n’avais pas vraiment compris ce que ça voulait dire, mais j’avais senti que c’était un compliment, alors, je lui avais donné mon dessin.
Pourtant pendant 40 ans, je n’ai plus dessiné. Jusqu’il y a 3, 4 ans, plus ou moins. J’allais avoir 50 ans.
Je me suis inscrit à l’Académie des Beaux-arts. Au cours de dessin. De dessin sur modèle vivant…
C’est incroyable, non ? Qu’il y a 25 ou 30.000 ans, des hommes, des femmes aient réalisé des dessins sur les parois de grottes dans lesquelles ils sont passés… et que la falaise au-dessus de la grotte se soit effondrée, enfermant des chefs-d’œuvre, les protégeant du vent, du froid, des animaux, des hommes, pendant des millénaires.
Et nous, qu’aurions-nous envie de laisser, que des spéléologues pourraient découvrir dans 25 ou 30.000 ans ? Moi je crois que je laisserais quelques photos que j’ai faites ou des dessins, un poème peut-être. Oui, je crois que je laisserais des choses comme ça … des choses inutiles … comme la pluie.
La presse :
A mesure qu’il dessine des créatures mythologiques, des couples naïfs, des modèles vivants, des cheveux dans le vent, le comédien divague sur la peinture flamande, l’utilité de l’art. Il y a chez lui une douceur enveloppante. (…) On ressort tout simplement avec l’envie féroce de saisir un crayon, une feuille et de laisser courir son inspiration. Avec, dans la tête, la bande son électrisante.
LE SOIR, Catherine Makereel